Bonjour Sylvie et Mélody, pouvez-vous vous présenter, et nous parler de votre association ?
Je m’appelle Mélodie. Je suis co-fondatrice de l’association “Les Établies”, et coordinatrice de projets spécialisée en psychologie et psychotraumatisme.
Moi, c’est Sylvie, je suis également cofondatrice de “Les Établies”, et également coordinatrice de projets. Je suis éducatrice spécialisée de métier et formée à la supervision d’équipes et d’analyse des pratiques professionnelles.
Nous avons fondé ensemble “Les Établies” en septembre 2022. L’association repose sur 4 valeurs importantes : le respect, la dignité, le professionnalisme, et la pensée intersectionnelle. Notre principale mission est d’accompagner les victimes ou personnes menacées de violence.
Nous avons 3 grands axes de travail. Premièrement, la prévention qui consiste à tenir des stands informatifs. Lors de certains événements, nous maquillons gratuitement les gens, pour nous faire identifier comme un lieu sûr auprès du public. C’est aussi l’occasion d’identifier les personnes vulnérables ou potentiellement victimes de violences. Le deuxième axe est la formation et sensibilisation du public où nous formons tout le monde. Le but est de les informer et de leur apporter des connaissances et des compétences nouvelles.
Et enfin, l’accompagnement. Nous recevons les personnes qui ont besoin d’aide dans notre bureau. Nous prenons le temps de discuter avec elles, de comprendre ce qu’elles vivent, et ce dont elles ont besoin. L’idée est de leur proposer un suivi personnalisé et un accompagnement dans leurs démarches, en s’adaptant à leur situation.
À quoi sert une Safe Zone ?
C’est un espace dédié à l’accueil et à la ressource de personnes en vulnérabilité, et victimes ou témoins de VHSS (violence et harcèlement sexiste et sexuel). L’objectif est d’accueillir et d’accompagner les personnes qui viennent sur place, sur les sujets de sécurité.
Quelles sont les missions de votre commission lors de Terres du Son ?
Pendant nos maraudes, nous allons à la rencontre de personnes seules et/ou en souffrance. Nous agissons uniquement sur la partie prairie, car il y a d’autres stands de prévention à l’Éco-Village.
Nous menons également d’autres missions. Par exemple, la coordination des référent·es VHSS dans leurs différentes commissions. Nous gardons un lien avec elleux tout au long du festival, via des groupes Whatsapp.
Combien y a-t-il de bénévoles pendant le festival ?
Le nombre de bénévoles est passé de trente, l’année dernière à quarante-cinq, cette année. Nous proposons cette année, une seconde Safe Zone destinée aux bénévoles.
Combien de festivalier·es accueillez-vous dans la Safe Zone ?
La Safe Zone s’adresse à l’ensemble de l’écosystème qui vit sur le festival : des festivalier·res aux technicien·nes, en passant par les artistes et les bénévoles.
Nous accueillons en moyenne une centaine de personnes par jour. Elles sont parfois en difficulté, à la recherche d’un accueil physique, ou seulement d’informations.
Y a-t-il un soutien psychologique disponible en cas de besoin ?
En cas de besoin, des entretiens sont proposés dans un espace dédié, à l’arrière de la Safe Zone. Ils sont menés par nous-même, co-responsables ou par une des deux psychologues disponibles, Caroline ou Cynthia.
Par ailleurs, nous travaillons en partenariat avec la Croix-Rouge et la sécurité du festival. Quand une personne est victime de violences, elle est au besoin soignée par la Croix-Rouge, avant d’être reçue en entretien par notre équipe. Nous sommes en lien avec des dispositifs externes de police si les victimes souhaitent y avoir recours.
Parvenez-vous à gérer l’affluence du public ?
Il n’y a pas beaucoup d’attente : le public est pris en charge rapidement par nos bénévoles formé·es. Iels savent accueillir les victimes, et déterminer le degré “d’urgence” à apporter à chaque situation.
Évidemment, certains jours sont plus denses que d’autres. La fréquentation de la Safe Zone dépend des jours, des concerts en cours, et du type de public.
Quelles sont les actions mises en place pour prévenir les comportements inappropriés ?
C’est un travail fait depuis 3 ans en collaboration avec l’équipe organisatrice et les différentes commissions. Plusieurs dispositifs sont mis en œuvre : il y a de nombreux affichages sur le site, des chartes dédiées aux bénévoles, et aux artistes et une communication active est diffusée sur les réseaux sociaux et l’application du festival.
L’association “Les Établies” prépare des ateliers de sensibilisation, et forment les référent·es VHSS en amont du festival. Du temps est prévu pour harmoniser les pratiques au sein des différentes commissions.
Quel type de formation ont reçu les bénévoles de la Safe Zone ?
Les bénévoles de la Safe Zone, et les responsables VHSS suivent notre formation en amont du festival. Elle leur permet d’avoir les bases communes sur nos valeurs, et les différentes discriminations. On y aborde des questions telles que : C’est quoi des violences ? Comment se construisent-elles ? Comment se mettent-elles en place ? Quels sont ses mécanismes ? Nous leur apprenons comment réaliser les différentes maraudes et comment accueillir les personnes victimes ou témoins de violences.
Où êtes-vous situés dans le festival ? Quels sont vos horaires d’ouverture ?
Notre stand est installé entre les deux grandes scènes, proche du pôle accessibilité et de la Croix rouge. La Safe Zone est ouverte aux mêmes horaires que la prairie.
Avez-vous un mot à rajouter ?
Nos formations nous permettent aussi de nous assurer que les bénévoles sont capables d’assurer cette mission, qui nécessite une charge mentale particulière. Dans notre commission, une transparence de la part de nos bénévoles est nécessaire pendant le travail. Nous devons savoir quand quelqu’un·e a besoin d’une pause, ou si un événement éprouvant s’est produit, pour garantir un cadre sécurisé pour tout le monde.